"Tu
es en train de jouer la meilleure partie de cartes de ta vie. Tu
es
en veine, ta main est en or ! La partie se déroule dans une
roulotte assez large aménagée en tripot clandestin. De larges
tissus chamarrés ornent l'intérieur du chariot et un air de
carnaval se dégage de l'endroit : boissons alcoolisées à
foison, musiques entraînantes venant de nulle part, fines
nourritures.
Les
autres joueurs autour de la table affichent des mines
patibulaires.
Le dragon noir directement assis à ta droite semble très sûr lui
et toise l'assistance comme si la partie lui appartenait déjà mais
toi, tu souris...le fou n'a pas décelé ton jeu, savamment caché.
Dans son dos, ce qui semble être sa compagne, une femme d'une
beauté
éblouissante, et son conseiller, un vieillard à l'air impérial se
disputent discrètement tout en se lançant toutes sortes d'objets :
ombrelles, radeaux, bananes, épées, enclumes,boules de feu,…
A
ta
gauche, une horrible sorcière, couverte de sang, semble plus
occupée
à dévorer un cœur verdâtre qu'à jouer ses cartes. Des légions
de druides, ressemblant plus à des sauvages cannibales qu'à des
sages, entrent et sortent de la roulotte en lui amenant force
morceaux de chair, qu'elle dévore goulûment.
Face
à
toi, se trouve ton double. Ou es tu le sien ? Il te regarde
d'un air facétieux et réajuste à l'occasion son chapeau couvert de
clochettes. Pourtant, portant la main à ta tête tu ne devrais pas
porter de couvre chef…
Alors
que
tu étais confiant dans ta main, tu commences à douter de plus
en plus de l'issue de la partie. Tu fais tous les efforts du monde
pour rester attentif mais dans le fond de la carriole, une porte
d'argent ne cesse de te déconcentrer. Elle te fait peur et te met
mal à l'aise. Ton double lui aussi, semble déconcerté par la fond
du véhicule. Quand soudain, un cahot dans la route secoue
l'attelage
et tu t'éveilles."
"Tu
es à l'université. Les couloirs sont resplendissant par endroit
mais laisse apparaître dans certains recoins des signes de
vétusté.
Dans les couloirs vides résonnent des cris d'enfants et alors que
tu
arpentes l'imposante bâtisse, tu passes devant des salles de
classe
sans dessus-dessous. Plus tu avances dans l'endroit plus il se
délabre et bien que tu penses te rapprocher des cris, ils semblent
toujours aussi indistinct.
Sortant d'une des classes situées plus
loin dans le couloir, une sorte de grand bouc haut chassé croise
ton
regard et te sourit. Son air malicieux et son regard profond ne
trompe pas, il pourrait très probablement te parler s'il en avait
envie. Soudain, une paire de ciseaux énormes déboulent dans le
couloir te bousculant fortement. Ces dernières détourent le
« bouc » comme s'il s'agissait d'une simple image qui
s'éparpillent en bandelettes aussitôt propulsées par le vent
venant te caresser le visage.
Alors
que
tu poursuis ta progression dans le couloir tu termines sur une
cour extérieure dans laquelle plusieurs bambins s'égaillent. Ces
derniers se chamaillent sans cesse tout en menant la vie dure aux
pauvres pions qui semblent veiller sur eux. L'un des pions,
recouvert
d'insectes grouillants répugnants se rapprochent d'un des sales
mioches. Ce dernier, bizarrement, porte une barbe bien taillée
rappelant les plus féroces barbes naines. La pitié que tu
ressentais à l'égard du pion s'estompe alors que tu remarques le
sang qui ruissellent le long de son socle, formant une mare
horrible
dans laquelle s'agite de pauvres petits bonshommes. Bien qu'une
grande distance sépare toujours le pion et l'enfant, tu comprends
que des insectes minuscules sont déjà à l’œuvre et semble
murmurer à l'oreille du gosse barbu.
Ton
attention est alors attirée à l'autre bout de la cour, par un
tintamarre provoqué par une tablée de moutons. Ces derniers
dévorent à pleines dents des mets indistincts mais visiblement, à
leurs airs réjouis, délicieux. Devant eux, sont disposés des
épouvantails qui dansent une gigue effrénée. Lorsque ton regard
reviens sur le bambin, tu remarques qu'une moitié de sa barbe a
été
arrachée. A ses pieds, se tient un petit garçon obèse à la peau
d'ébène. Son poing joufflu serre convulsivement la natte composant
la moitié de la barbe manquante et son regard te perce
littéralement
de part en part.
Alors que tu t'écroules, foudroyé par le regard
noir du petit garçon de jais, tu te sens rejoins dans ta chute par
le pion répugnant. Les kyrielles de petites formes disposées sous
son socle semblent avoir réussi à bousculer son assise. Au moment
où tu devrais toucher le sol de la cour, tu t'éveilles tout en
percevant au loin le cri de l'un des épouvantails te disant :
Je t'en supplie, empêche les, Par Denev, je suis innocent! »."
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