jeudi 26 février 2015

Entre Séance : Rêveries

"Tu es en train de jouer la meilleure partie de cartes de ta vie. Tu es en veine, ta main est en or ! La partie se déroule dans une roulotte assez large aménagée en tripot clandestin. De larges tissus chamarrés ornent l'intérieur du chariot et un air de carnaval se dégage de l'endroit : boissons alcoolisées à foison, musiques entraînantes venant de nulle part, fines nourritures.

Les autres joueurs autour de la table affichent des mines patibulaires. Le dragon noir directement assis à ta droite semble très sûr lui et toise l'assistance comme si la partie lui appartenait déjà mais toi, tu souris...le fou n'a pas décelé ton jeu, savamment caché. Dans son dos, ce qui semble être sa compagne, une femme d'une beauté éblouissante, et son conseiller, un vieillard à l'air impérial se disputent discrètement tout en se lançant toutes sortes d'objets : ombrelles, radeaux, bananes, épées, enclumes,boules de feu,…

A ta gauche, une horrible sorcière, couverte de sang, semble plus occupée à dévorer un cœur verdâtre qu'à jouer ses cartes. Des légions de druides, ressemblant plus à des sauvages cannibales qu'à des sages, entrent et sortent de la roulotte en lui amenant force morceaux de chair, qu'elle dévore goulûment. 

Face à toi, se trouve ton double. Ou es tu le sien ? Il te regarde d'un air facétieux et réajuste à l'occasion son chapeau couvert de clochettes. Pourtant, portant la main à ta tête tu ne devrais pas porter de couvre chef…

Alors que tu étais confiant dans ta main, tu commences à douter de plus en plus de l'issue de la partie. Tu fais tous les efforts du monde pour rester attentif mais dans le fond de la carriole, une porte d'argent ne cesse de te déconcentrer. Elle te fait peur et te met mal à l'aise. Ton double lui aussi, semble déconcerté par la fond du véhicule. Quand soudain, un cahot dans la route secoue l'attelage et tu t'éveilles."



"Tu es à l'université. Les couloirs sont resplendissant par endroit mais laisse apparaître dans certains recoins des signes de vétusté. Dans les couloirs vides résonnent des cris d'enfants et alors que tu arpentes l'imposante bâtisse, tu passes devant des salles de classe sans dessus-dessous. Plus tu avances dans l'endroit plus il se délabre et bien que tu penses te rapprocher des cris, ils semblent toujours aussi indistinct. 

Sortant d'une des classes situées plus loin dans le couloir, une sorte de grand bouc haut chassé croise ton regard et te sourit. Son air malicieux et son regard profond ne trompe pas, il pourrait très probablement te parler s'il en avait envie. Soudain, une paire de ciseaux énormes déboulent dans le couloir te bousculant fortement. Ces dernières détourent le « bouc » comme s'il s'agissait d'une simple image qui s'éparpillent en bandelettes aussitôt propulsées par le vent venant te caresser le visage.

Alors que tu poursuis ta progression dans le couloir tu termines sur une cour extérieure dans laquelle plusieurs bambins s'égaillent. Ces derniers se chamaillent sans cesse tout en menant la vie dure aux pauvres pions qui semblent veiller sur eux. L'un des pions, recouvert d'insectes grouillants répugnants se rapprochent d'un des sales mioches. Ce dernier, bizarrement, porte une barbe bien taillée rappelant les plus féroces barbes naines. La pitié que tu ressentais à l'égard du pion s'estompe alors que tu remarques le sang qui ruissellent le long de son socle, formant une mare horrible dans laquelle s'agite de pauvres petits bonshommes. Bien qu'une grande distance sépare toujours le pion et l'enfant, tu comprends que des insectes minuscules sont déjà à l’œuvre et semble murmurer à l'oreille du gosse barbu.

Ton attention est alors attirée à l'autre bout de la cour, par un tintamarre provoqué par une tablée de moutons. Ces derniers dévorent à pleines dents des mets indistincts mais visiblement, à leurs airs réjouis, délicieux. Devant eux, sont disposés des épouvantails qui dansent une gigue effrénée. Lorsque ton regard reviens sur le bambin, tu remarques qu'une moitié de sa barbe a été arrachée. A ses pieds, se tient un petit garçon obèse à la peau d'ébène. Son poing joufflu serre convulsivement la natte composant la moitié de la barbe manquante et son regard te perce littéralement de part en part. 

Alors que tu t'écroules, foudroyé par le regard noir du petit garçon de jais, tu te sens rejoins dans ta chute par le pion répugnant. Les kyrielles de petites formes disposées sous son socle semblent avoir réussi à bousculer son assise. Au moment où tu devrais toucher le sol de la cour, tu t'éveilles tout en percevant au loin le cri de l'un des épouvantails te disant : Je t'en supplie, empêche les, Par Denev, je suis innocent! »."

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