lundi 17 août 2015

La véritable question

Sando se préparait à amarrer son esquif sur le troisième ponton du côté tempête. Les six jours passés dans la Mer de Sang avaient filés comme jamais ! Ses filets étaient plein et il avait hâte de se rendre au Monitorat pour faire contrôler et peser ses prises. Alors que ses matelots l'aidaient à débarquer la précieuse pêche, il vit arriver "L'Amiral". Ce dernier claudiquait en s'approchant du ponton, tout en flattant les babines de son chat, perchés sur son épaule. Dru Melsh, L'Amiral, siffla avec admiration à la vue des caisses qui se remplissaient de poissons sur le quai : "Sembl'rait qu'mon conseil ait payé p'tit. Qu'ce bon vieil Amiral sait d'qu'est-ce qu'il s'agit quand on parl' poiscaille".

Sando acquiesa tout en venant à la rencontre de Melsh. Une sacrée énigme que ce vieux bougre : collectionneur de bric-à-brac issu de la mer et marchand de poisson, le vieil homme n'avait pas son pareil pour faire rêver les plus jeunes marins. A l'écouter raconter ses histoires parlant de pirateries, d'abordages, d'exploration, on aurait pu penser que l'homme avait passé sa vie en mer et pourtant, aucun des capitaines, mêmes parmi les plus âgés ne le connaissaient. Il avait été retrouvé à moitié mort par une patrouille, échoué sur blood point. Après que les paladins l'ait remis sur pied, il s'installa dans le quartier du port et acheta une petite échoppe avec l'argent qui avait été retrouvé par les paladins sur son corps...Une chance que ce soit une patrouille qui soit tombée sur lui en premier ! Avec le temps, sa collection de trophées marins était devenue l'une des mieux fournies de Mithril. En parallèle, il veillait à vendre les cargaisons que les pêcheurs ramenaient afin qu'ils n'aient pas à s'embêter avec le petit commerce alors que leurs navires avaient besoin de réparation et leurs hommes d'équipages de détente.

L'amiral avait en effet eu raison : les filets de Baselus avaient quelque chose de particulier. Même le Monitorat constatait année après année que les pêches issues des filets de Baselus ramenaient plus de poisson. C'est à croire que la vie aquatique s'offrait au filet plus que le filet ne le prenait au piège. Sando avait sollicité l'un des sorciers des mers servants sur l'un des autres navires auprès desquels mouillait son esquif afin de savoir si les filets étaient enchantés. Le sorcier ne pris même pas la peine d'en appeler à l'occulte et lui expliqua qu'un résidu de magie baignait les filets sans que ceux-ci ne soient clairement magiques.


Baselus se rejouissait ! Il avait épuisé ses derniers filets et il allait pouvoir partir en mer. Les pauvres du quartier savaient qu'à son retour, il reviendrait avec de nouveaux filets lourdement chargés et qu'il offrirait ses prises à tous les nécessiteux du Côté tempête. Baselus avait tout préparé pour son départ et avait même réussi à se procurer du café auprès du détestable Varaeth. Qui était encore bien plus invivable depuis que sa dernière cargaison en provenance de la lointaine Termana avait été dérobée dans les entrepôts qu'il louait aux Asuras. Les prix pratiqués par l'importateur avait flambés et le pauvre Baselus avait déboursé le tier de son bénéfice pour acquérir une livre du précieux grain. Mais le bonheur d'Al Hadja n'avait pas de prix à ses yeux. Elle lui avait si souvent parlé du breuvage que les Efreets vendaient dans le grand bazaar de leur Cité D'Airain et qu'ils exportaient dans les trois autres Citadelles... Ah ! rien n'était trop beau pour son étoile de Mer, aussi lorsqu'il appris qu'un marchand de Mithril vendait les grains permettant de préparer ce fameux breuvage, il n'hésita pas une seconde à dépenser sans compter. Il aurait tout fait pour Elle ; Elle qui se languissait de son peuple, elle qui était seule et prisonnière des Terres Balafrées alors que les siens étaient enfermés dans leurs Citadelles.

Baselus remercia son "Kismet" d'avoir poussé dans ses filets son aimée...Il y avait quelques années déjà. Malheureusement, il souffrait de ne pouvoir vivre avec elle. Aussi tolérant fussent-ils, aucun représentant de Corean n'accepterait qu'une Marid  vive à proximité de sa Cité. Ils ne verraient en elle que le souvenir, le danger qu'elle représentait. Et pourtant, n'étant pas noble, comme elle le lui avait expliqué, elle n'avait aucune possibilité d'ouvrir les portes des Citadelles, ce qui la condamnait à une existence solitaire parmi les conquérants ayant balayés les siens. Au premier regard, il était tombé sous son charme ainsi avait-il lâché prise dès qu'il eut constaté la teneur de sa pêche. Plutôt que de fuir, elle avait observée incrédule le pêcheur, hésitant entre le réduire au silence pour ne pas être découverte ou de lui parler afin de déterminer si c'était bien la bonté qui avait guidé son geste. Ils ne se voyaient pas assez à leur goût mais passaient régulièrement des moments de qualité, ensemble. Elle était le secret qui se cachait derrière la "magie" des filets de Baselus.


Zadara
Grâce aux visions que lui faisait parvenir Valir le Faible, Vander savait exactement où et comment trouver le Gardien des âges. Ce dernier, depuis le repli orchestré par l'Uthriarch, se devait de préparer le retour de ses maîtres. Par l'entremise de ses agents, le Gardien récoltait de nombreuses informations, souvent inutiles mais parfois terriblement pertinentes qui serviraient la cause. Bien que Vander soutenait le plan initial, Zadara restait totalement opposée à l'idée d'occire l'amoureux pour pousser la fille de Denev à leur ouvrir un passage entre vers le plan élémentaire. Elle préférait convaincre la Marid de les mener là-bas puis de la laisser repartir vers la Mer de sang afin qu'elle puisse jouir de son bonheur avec son aimé. Zadara était certaine que la fille de Denev accepterait si cela permettait de garder son aimé auprès d'elle et de le préserver du sort qui allait s'abattre sur les races divines des terres balafrées. Si elle comprenait que, de gré ou de force, les Sceaux de Chardun seraient effacés, elle choisirait à coup sûr l'option qui lui offrirait une chance de vivre pour toujours avec son aimé. Elle était incapable d'ouvrir les portes ou d'altérer les Sceaux mais eux le pouvaient ! Ainsi, la Marid et son aimé pourraient peut être même se réfugier dans l'antique Citadelle de Perle et couler des jours heureux, loin de la guerre, loin de Scarn.
Zadara aurait aimer qu'on lui offre une telle chance...


Pendant que Vander et Zadara oeuvraient à l'effacement des quatre Sceaux, Khelag se préparait  pour le véritable enjeu. Il lui revenait de pénétrer au sein de la Cité d'Airain afin d'y récupérer la clé. Le Gardien des âges, avant que les Chevaliers ne se séparent, lui avait offert les moyens de mener sa mission à bien. La diversion que Zadara et Vander allaient créer lui laisserait le temps de fouiller la Citadelle des Efreets. Resterait ensuite à s'en prendre au cinquième Sceau mais cela, c'était une autre histoire...




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